
Longtemps les phénomènes de violences institutionnelles ont été occultés. Depuis les années 60 les sévices et les négligences envers les enfants ont été reconnus et ont été l’objet de beaucoup d’ouvrages. Il a fallu néanmoins, attendre les années 1970, pour que les abus sexuels soient dénoncés et beaucoup plus tardivement pour qu’on prenne conscience de la violence faites aux bébés, aux personnes handicapées, aux personne âgées, aux femmes. Alice Miller, publie « C’est pour ton bien » (1984. Paris. Aubier), pour dénoncer la violence faite aux enfants au nom de l’éducation. Stanislaw Tomkiewicz et Pascal Vivet, publient aimer mal, châtier bien (1991. Paris. Seuil).
Violence, définition
Du latin vis « force en action » le mot désigne une force brutale exercée contre une ou des personnes allant jusqu’au meurtre. Elle revêt plusieurs dimensions :
- L’excès, l’emportement
- L’abus de pouvoir
- La contrainte
- Le spectaculaire
La violence peut être physique et psychologique. Elle ne cherche pas seulement à faire mal mais aussi à détruire. Elle déshumanise et nie l’autre.
Violences institutionnelles
Elles concernent les violences subies par les personnes accueillies dans les institutions sociales ou médico-sociales. Ces violences sont exercées soit par les professionnels, soit par des usagers. Les violences institutionnelles des professionnels sont contenues dans la notion de maltraitance.
La maltraitance
La maltraitance se distingue de la violence par son caractère durable et chronique. La maltraitance concerne la violence quotidienne, les négligences de toutes sortes. Pour l'ANESM, le terme de maltraitance : « recouvre l’ensemble des violences, abus ou négligences commis par les professionnels envers les usagers [...]». La maltraitance concerne :
- Toutes les violences physiques
- Les violences psychiques ou morales : langage irrespectueux, absence de considération, chantages, abus d’autorité, infantilisation, non-respect de l’intimité, etc.
- Les violences médicales : manque de soins, non-information sur les soins, abus de traitements sédatifs ou neuroleptiques, non prise en compte de la douleur, etc.
- Les négligences actives : toutes formes de sévices, abus, abandons, manquements pratiqués avec la conscience de nuire, etc.
- Les négligences passives : négligences relevant de l’ignorance, de l’inattention, etc.
- La privation ou violation de droits : limitation de la liberté de la personne, privation de l’exercice des droits civiques, d’une pratique religieuse, etc.
- Les violences matérielles et financières : vols, exigence de pourboires, escroqueries diverses, etc.
Causes possibles de la maltraitance
- Insuffisance chronique du nombre de personnel
- Représentations négatives que les personnels se font des publics
- Personnel sous qualifié
- Institutions totalitaires au sens qu’en a donné Goffman dans « Asiles »
Comment éviter la maltraitance ?
- Personnel en nombre suffisant
- Personnel qualifié
- Formation du personnel
- Mise en place de réunions d’analyse de la pratique
- Favoriser une culture de la bienveillance et de la bientraitance
- Ouvrir l’établissement à son environnement
- Mettre en place les outils de la loi 2002.2
Charte des droits et libertés de la personne accueillie
- Le principe de non-discrimination
- Le droit à un accompagnement adapté
- Le droit à l'information
- Le principe du consentement éclairé et du libre choix
- Le droit à la renonciation
- Le droit au respect des liens familiaux
- Le droit à la protection
- Le droit à l'autonomie
- Le principe de prévention
- Le droit à l'exercice des Droits Civiques
- Le droit à la pratique religieuse
- Le respect de la dignité
BIBLIOGRAPHIE
Bedin Véronique. Dortier Jean-François. 2011. Violence(s) et société aujourd’hui. Auxerre. Editions sciences humaines.
Foucault Michel. 1961. Folie et déraison. Histoire de la folie à l’âge classique, Paris, Plon.
1984. Surveiller et punir. Naissance de la prison, Paris, NRF Gallimard.
Fustier Paul. 2004. Le travail d’équipe en institution. Paris. Dunod.
Miller Alice. C’est pour ton bien. 1984. Paris. Aubier.
Tomkiewicz Stanislaw, Vivet Pascal.1991. Aimer mal, châtier bien. Paris. Seuil.
(Avec M. Anker) « Violences institutionnelles », dans L’enfant maltraité, 1993, sous la direction de M. Manciaux, Fleurus, 1 vol. 696 p., chapitre 8, p. 263-285.
REVUES
Vander Borght Christine. « Violence des institutions, violences en institution ». Thérapie familiale, 2003/4 Vol. 24, p. 337-358.
Vidal Gilles, « Négation de l'autre et violence institutionnelle », Champ psy, 2004/1 no 33, p. 105-116.
Roman Pascal. « La figure de l’otage. Les organisateurs inconscients de la violence en institution » Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, 2002/2 n° 39, P. 181-195.
Rongé Jean-Luc. « Prévenir la violence institutionnelle : les dysfonctionnements» dans un CEF de la PJJ à Savigny-sur-Orge » JDJ-RAJS n° 299 - novembre 2010.
ARTICLES
Ladsous Jacques et Anker Michelle, « On l'appelait Tom » À propos de Stanislas Tomkiewicz (1925-2003) et de Janusz Korczak (1878-1942), VST - Vie sociale et traitements, 2012/2 n° 114, p. 99-105. DOI : 10.3917/vst.114.0099.
Ducros Agnès, « Cher Monsieur Stanislaw Tomkiewicz, », Santé Publique, 2003/1 Vol. 15, p. 5-6. DOI : 10.3917/spub.031.0005.
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